Texte d’opinion par Lise-Andrée Morin

Lise Andrée vient de m’écrire…

Bonjour Pierre,

J’ai écrit cet article que j’ai envoyé aux journalistes du Journal de Montréal. Tu en fais ce que tu veux. J’espère que toute ta famille va bien.

Lise-Andrée

Objet : La fête nationale du Québec

À tous les journalistes concernés du Journal de Montréal et de Québec.

Tout d’abord je me présente, je suis âgée de 76 ans, je suis une fidèle lectrice de votre journal que je lis d’un couvert à l’autre tous les jours.

Je suis une québécoise pure laine car mes ancêtres sont Noël Morin, seigneur de St-Luc de Montmagny et Hélène Desportes, mon arrière-grand-mère en ligne directe à 10 générations, veuve de Guillaume Hébert, fils de Louis Hébert et de Marie Rollet. Guillaume Hébert est le frère de Guillemette Hébert qui épousa Guillaume Couillard, Sieur de l’Espinay. (Ancêtre direct de Philippe Couillard).

Toute ma vie, j’ai été fidèle à René Lévesque et à son parti malgré les hauts et les bas. J’ai vendu des cartes de membres par les rues avant la première élection du parti québécois. J’ai voté oui aux deux référendums. J’espère toujours…

Ceci étant dit, j’aimerais vous parlez de vos critiques sur le spectacle de la fête nationale. Je crois que vous avez été trop sévères dans vos analyses. Le spectacle était magnifique et m’a parlé au cœur, j’étais fière des talents des québécois. Je ne sais pas si les québécois ont affiché un drapeau du Québec comme c’est la coutume sur leur balcon mais dans l’émission, j’ai vu deux drapeaux du Québec. Premièrement, dans l’allocution du premier ministre Legault, deuxièmement, dans l’allocution de la mairesse de Montréal. Ensuite, le maire de Québec a parlé du Québec, de sa capitale et de l’accent de Québec. Enfin, Diane Dufresne avait sur son chapeau, une fleur de lys. Habituellement je participe aux fêtes de la St-Jean, ce sont les Québécois dans la rue qui portent les drapeaux, pas de foule, pas de drapeau. Il y a aussi une critique qui m’a étonnée, celle sur Diane Dufresne qui disait qu’elle n’était pas en voix et le journaliste écrivait qu’il ne savait pas trop quoi penser de sa prestation.

J’ai enregistré cette émission et je la repasse en boucle. Mon coup de cœur a été pour la chanson Vivre, interprétée par Diane Dufresne. C’était magnifique, elle était accompagnée par trois orchestres symphoniques, un pur bonheur.

Diane Dufresne est âgée de 75 ans, on le sait la puissance de la voix diminue avec l’âge. Elle a quand même une voix magnifique. Je suis allée sur YouTube pour l’écouter chanter la même chanson alors qu’elle était plus jeune. Je n’ai pas vu une grande différence. Je trouve particulièrement injuste cette critique en deux tons…

René Lévesque voulait un Québec inclusif. J’aime les nouveaux arrivants qui apportent avec eux leur culture, leur savoir-faire. Ce que je leur demande, c’est ne pas rejoindre les anglophones. La langue anglaise n’a pas besoin de protection et elle est plus facile à apprendre. Nous avons besoin d’eux pour survivre en langue française. Maintenant, Montréal ressemble plus au Nouveau Brunswick qui est une province bilingue. Si nous perdons Montréal et ses environs pour l’expression en langue française, la langue française deviendra un régionalisme parlé par les plus petites villes et les campagnes. La culture française en prendra pour son rhume car les productions sont surtout faites à Montréal. Il faut redonner la fierté au peuple québécois de leur langue et de leur culture enrichie par celle des autres québécois. Il faut que les gouvernements donnent de réelles chances d’apprentissage de la langue aux nouveaux arrivants. Il faut que les nouveaux arrivants s’intègrent à notre culture et respecte nos lois. Enfin il faut réparer la loi 101 transformée en fromage gruyère.

En terminant, même si je n’ai pas voté pour la CAQ, je suis capable de reconnaître qu’actuellement ce gouvernement fait du bon travail. Il donne le sentiment au peuple québécois qu’il les comprend et les protège. Le nationalisme de François Legault donne de l’espérance à tous ceux qui veulent que l’on défende notre société francophone et québécoise. S’il se détournait de ce chemin, ses lendemains risquent d’être douloureux.

Enfin, j’aimerais que l’on explique aux plus jeunes qu’être ouvert au monde, cela ne signifie pas oublier sa langue et sa culture, au contraire. C’est en affirmant notre langue et notre culture que nous serons plus à même d’affronter le monde. Nous serons plus intéressants pour les autres qui seront curieux de connaître notre culture. N’est-ce pas cela qui nous rend intéressants à fréquenter. Les pays d’Europe sont rapprochés par leur géographie, comment ont-ils fait pour préserver leur langue et leur culture?

Demain, on fêtera le Canada. On parle de deux peuples fondateurs. Je suis d’accord qu’il y en ait deux. On se trompe cependant pour les identifier. Pour moi, le premier peuple fondateur de notre territoire, ce sont les autochtones et le deuxième ce sont les Français qui ont fondé la Nouvelle-France. Ils ont développé des rapports harmonieux avec les autochtones. Lors de la conquête par les Anglais, tout a changé, les peuples fondateurs ont été asservis et on a fait beaucoup d’efforts pour les assimiler. Les Anglais se sont comportés ici comme ils l’ont fait en Irlande, en Écosse et dans plusieurs pays. Ils ont écrasé les peuples conquis. Le Canada et les États-Unis ont été explorés par des coureurs des bois chevronnés de la Nouvelle-France qui n’ont pas eu peur de prendre des risques. Ils ont fait de prodigieuses découvertes dont on retrouve encore les traces aujourd’hui aux USA et au Canada. Ils étaient accompagnés par leurs amis amérindiens. Évidemment, je n’en veux pas aux descendants de ces conquérants. Je dirais que les Anglais et les autres peuples sont venus par la suite nous rejoindre par la force ou par désir d’une vie meilleure.

En terminant, je vous félicite pour vos analyses critiques, je suis généralement d’accord avec vos propos. La rectitude politique que vous mentionnez souvent dans vos pages est-elle de même nature que l’absence de drapeaux à la fête nationale?

Lise-Andrée Morin

Victoriaville